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Green Energy : le regard de Christophe Thévenon

Le 5 septembre 2024, à Sully-sur-Loire, une unité biomasse était inaugurée dans le cadre du projet de transition énergétique de l’usine de SWISS KRONO France baptisé Green Energy et porté par le fabricant de panneaux de bois, Dalkia et Green Energy Sully, une société de projet détenue à 100 % par la société d’investissement et de gestion d’actifs Meridiam. Christophe Thévenon, le directeur de cette dernière, raconte son défi : celui d’orchestrer minutieusement un projet de décarbonation hors normes fait de chantiers et d’enjeux multiples.

© P.-L. Ducout / Mithra Vision

Vous êtes directeur de Green Energy Sully, détenue à 100 % par la société d’investissement et de gestion d’actifs Meridiam, et créée en mars 2021. Partenariat public-privé pour la modernisation des barrages de l’Aisne et de la Meuse, voies express ou autoroutes en Slovaquie, en Allemagne ou en République tchèque, réseau de transport express en Angleterre… Meridiam a croisé plusieurs fois la route du Groupe VINCI. Pouvez-vous en dire quelques mots ?

Christophe Thévenon : Meridiam est un fonds d’infrastructure qui célèbre cette année, en 2025, son vingtième anniversaire. Nous concevons, finançons et gérons des infrastructures durables et résilientes, des projets d’investissement à long terme dans trois secteurs majeurs : les solutions innovantes bas carbone liées à la transition énergétique, la mobilité décarbonée et les services publics essentiels, comme les écoles, les hôpitaux, les crèches ou les logements universitaires. Nous sommes à la fois un investisseur, un maître d’ouvrage engagé, une société à mission et un gestionnaire d’actifs. Le projet de décarbonation de Sully-sur-Loire s’inscrit parfaitement dans la stratégie d’investissement de Meridiam visant à soutenir et développer des infrastructures et des actions qui contribuent à améliorer la qualité de vie des populations. Green Energy Sully est chargée, en tant que maître d’ouvrage, de l’installation des équipements de production d’énergie. Notre implication ne se limite pas à l’investissement initial, puisque, à l’issue de cette première étape, nous suivons les phases de construction – dans le cadre d’un EPC (Engineering, Procurement, and Construction) – et d’exploitation confiées à Dalkia, et nous assurons la rentabilité de l’opération à long terme.

Quelle a été votre mission ?

Christophe Thévenon : Je m’assure que les infrastructures soient opérationnelles dans les temps et conformément aux besoins. Green Energy est un programme exigeant qui a nécessité des opérateurs, des constructeurs, des sous-traitants, des assembleurs, des hommes et des femmes issus d’entreprises aux cultures différentes et aux compétences techniques diverses. C’est la dimension relationnelle qui a donné tout son sens à ma mission : fédérer autour d’un projet commun, faciliter les échanges, tirer le meilleur de chacun… tout en restant inflexible sur la sécurité et la qualité des ouvrages à délivrer. J’étais présent sur le site au quotidien, et dans la base vie du chantier depuis le premier coup de pioche.

© P.-L. Ducout / Mithra Vision

Quels sont les objectifs du projet Green Energy ?

Christophe Thévenon : Il s’articule autour de trois axes : la conversion à près de 90 % de la production d’énergie vers de la biomasse en remplacement du gaz, le remplacement des sécheurs haute température – ce qui devrait réduire de 5 à 10 % la consommation énergétique –, et, enfin, à terme, la possibilité d’augmenter la capacité de production de l’usine de 30 %. Le projet a la particularité d’associer deux maîtrises d’ouvrage distinctes. SWISS KRONO France a mené l’installation des tapis sécheurs basse température, mis en place pour sécher les lamelles de bois qui constituent les panneaux OSB (Oriented Strand Board, pour panneau de lamelles orientées) tandis que Green Energy Sully se chargeait de l’unité biomasse.

Quelles sont les caractéristiques de cette unité biomasse ?

Christophe Thévenon : Dalkia a choisi la société Vyncke pour la fourniture de l’ensemble du complexe de production des fluides thermiques à partir de biomasse. La nouvelle centrale repose sur une chaudière biomasse associée, en aval, à un condenseur de fumées, ainsi que sur une chaudière à gaz de secours et deux chaudières de récupération, conçues pour exploiter les gaz issus des turbines utilisées pour la production d’électricité du site. L’installation repose également sur une gestion optimisée des combustibles en entrée. Déchets et copeaux de bois, poussières de sciage et de ponçage, écorces de rondins… Tous les résidus de production de SWISS KRONO France sont valorisés comme combustibles et utilisés à différents niveaux de la chaudière. En parallèle à la mise en place de la centrale biomasse, deux sécheurs à bande basse température ont remplacé deux sécheurs haute température à tambour rotatif. Les deux chantiers étaient « clos et indépendants », mais ont nécessité naturellement une gestion fine du coordonnateur SPS (Sécurité et protection de la santé).

DR Green Energy Sully 

La coactivité et l’ordonnancement du chantier en étaient les principaux enjeux ?

Christophe Thévenon : Oui, avec près de 150 000 heures cumulées sur deux ans, la coordination des différentes entreprises a nécessité une planification minutieuse en raison de la proximité de ces deux chantiers distincts et de l’exiguïté du terrain. Le « nerf de la guerre », c’était… le territoire au sol ! Le groupement retenu par Dalkia Centre-Ouest et mené par GTM Normandie-Centre avec l’agence Eurovia d’Orléans pour les travaux de génie civil et de voiries et réseaux divers (VRD) a su faire preuve de réactivité et de pragmatisme pour ajuster, en temps réel, le planning face aux aléas et imprévus rencontrés, à la vie du site resté en exploitation, aux évolutions du projet ou à la coactivité. Redéfinir les zones d’intervention pour éviter les effets de blocage entre les différentes équipes, gérer finement les grues à tour et les grues mobiles, ajuster les organisations, travailler en bonne intelligence… L’objectif était de maintenir un enchaînement optimal des tâches tout en garantissant la sécurité sur le site. Avec jusque 150 personnes à l’œuvre en période de pointe, la gestion des flux et des accès a représenté un important défi logistique.

Comment définiriez-vous votre collaboration avec VINCI Construction ?

Christophe Thévenon : GTM Normandie-Centre et l’agence Eurovia d’Orléans ont été des partenaires clés. Leur maîtrise technique et leur strict respect des protocoles détaillés et des modes opératoires mis en place ont permis que le travail se déroule dans les meilleures conditions possibles. Autre sujet de satisfaction, l’attention portée à la formation des équipes et à la communication avec les sous-traitants a maintenu un environnement de travail sécurisé, ce qui est un critère essentiel pour Meridiam. Les équipes ont pu se rendre compte de notre engagement partagé et de notre vocabulaire commun en matière de prévention lors de la visite sur le chantier de la présidente de Green Energy Sully, Barbara Lantz, qui avait travaillé, dans les années 2010, chez VINCI Concessions puis chez VINCI Construction Grands Projets, notamment sur le site de la Greenwich Pumping Station sur le programme londonien du Thames Tideway East.

Un axe d’amélioration pour les équipes génie civil et route ?

Christophe Thévenon : VINCI Construction a démontré sa capacité à apporter des solutions adaptées à un projet de cette taille, ce qui a renforcé notre confiance tout au long du processus de construction. L’inauguration a eu lieu en septembre 2024. Nous avons réussi à livrer dans les temps et dans les budgets impartis tout en respectant les normes environnementales attendues. Le dernier défi à relever pour VINCI Construction reste celui, même mineur, des levées de réserves afin que la réception du chantier soit… définitive !

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