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Viaduc de l’Indre : l’expertise écologique de Zoé Gaultier
VINCI Construction, à travers sa filiale GTM Normandie-Centre, réalise un nouveau viaduc autoroutier au-dessus de l’Indre, entre Veigné et Sainte-Maure-de-Touraine. Celui-ci doublera les ouvrages existants afin d’offrir trois voies de circulation aux véhicules.
Coordinatrice Environnement chez IRPL (Ingénierie Routière des Pays de Loire), Zoé Gaultier est chargée du respect des procédures éco-responsables sur ce chantier sensible mené dans le cadre de l’élargissement de l’A10. Elle répond aux questions de VINCI Construction.
Quelle est votre mission sur le chantier du viaduc de l’Indre (A10) ?
Zoé Gaultier : Je suis préventrice Environnement pour le compte de VINCI Autoroutes. J’accompagne le maître d’ouvrage dans ses relations avec la Direction départementale des territoires (DDT) ou l’Office français de la biodiversité (OFB). Sur le chantier, je vérifie que la réglementation environnementale est connue et respectée. Cela concerne majoritairement l’eau puisque le viaduc passe au-dessus de l’Indre et de son bief, mais aussi les nuisances sonores, la qualité de l’air ou le traitement et la valorisation des déchets. Je m’assure également de la préservation de la faune et de la flore avec une double mission : ne pas porter atteinte aux espèces protégées et faire en sorte que certaines espèces végétales invasives, déjà présentes sur site, n’iront pas se disséminer du fait des terrassements. Enfin, une partie de ma mission relève de la sensibilisation pour renforcer la culture environnementale de l’ensemble des acteurs du chantier, des conducteurs de travaux aux chefs de chantier en passant par les compagnons. Quand l’ensemble du personnel et des sous-traitants a bien compris pourquoi l’on fait les choses, la réussite est davantage au rendez-vous.
Vous travaillez depuis dix ans au sein de l’IRPL, une société spécialisée dans l’ingénierie routière qui conjugue assistance à maîtrise d’ouvrage, conception de projets, suivi de travaux et coordination SPS (sécurité et protection de la santé). Comment avez-vous vu évoluer les ambitions environnementales de VINCI et les initiatives sur le terrain de VINCI Construction ?
Zoé Gaultier : Le groupe VINCI met en place des procédures pour respecter la loi voire être proactif, car en matière d’environnement, la réglementation évolue, se développe et se complexifie au fur et à mesure de sa mise en œuvre. Le groupement de réalisation du viaduc de l’Indre comprend plusieurs filiales de VINCI : le mandataire GTM Normandie-Centre ainsi qu’Eurovia ou VINCI Construction Terrassement. Les équipes encadrantes et les compagnons de GTM Normandie-Centre et d’Eurovia ont travaillé sur des chantiers autoroutiers en zone sensible et ont déjà doublé des viaducs pour VINCI Autoroutes, comme sur l’A85. Ils sont mieux préparés, maîtrisent les procédures pour réduire les impacts environnementaux et sont prêts à optimiser leurs solutions et leurs méthodes pour s’améliorer et ne pas rester sur leurs acquis.
En matière d’environnement, quelle est la singularité du chantier du viaduc de l’Indre eu égard à d’autres chantiers de génie civil autoroutier ?
Zoé Gaultier : Les constructions de ponts se caractérisent par un temps de travaux assez long. Pour ma part, cela signifie que les enjeux environnementaux vont perdurer et se transformer au fil des saisons. Actuellement (NDR : décembre 2020), sur le viaduc de l’Indre, nous devons être vigilants aux inondations hivernales et à leurs éventuelles conséquences sur les espaces de stockage de déchets ou de matériaux. Rien ne doit partir à la rivière à cause du vent ou d’une inondation ! Par ailleurs, un grand nombre de métiers sont présents sur de tels chantiers (fondation des piles du pont, pose des enrobés de la chaussée, équipements du viaduc, etc.) : les impacts environnementaux peuvent être très divers. Mon rôle est de bien analyser les phases du chantier et d’anticiper les risques selon ces étapes.
Quelle est la législation de référence ?
Zoé Gaultier : Une Autorisation environnementale (AEnv) relative à la loi sur l’eau a été délivrée pour la construction de la troisième voie de l’A10. Le Plan de respect de l’environnement (PRE) conçu et déployé par le groupement d’entreprises intervenantes doit respecter les termes de cette autorisation. Pour ma part, je contrôle le chantier par des visites hebdomadaires et je m’assure que les travaux en cours et à venir sont conformes.
Quelles actions concrètes sont conduites par VINCI Construction pour améliorer la performance environnementale, notamment en termes de qualité des ressources en eau ?
Zoé Gaultier : Au démarrage des travaux, GTM Normandie-Centre a mis en œuvre un dispositif d’assainissement qui respecte l’arrêté et qui permet de rejeter une eau propre. Afin de piéger les sédiments et les éventuels hydrocarbures produits par le chantier, des bassins de traitement de l’eau ont été mis en place, avant qu’elle ne retourne dans le lit de l’Indre. Dans les fossés et le bassin principal, des barrages ont été installés pour atténuer le taux de matière en suspension dans l’eau. Nous avons également construit deux barrages à hydrocarbures : le barrage dans le bief est tendu entre les deux rives, le barrage dans l’Indre est prêt à être mis en place mais n’est pas installé pour permettre le passage des barques sur le cours d’eau. Objectif : circonscrire la zone en cas de risque de pollution. Lors de la mise en place des batardeaux, une attention particulière a été portée sur les eaux de pompage. Enfin, pour les eaux de nettoyage des toupies béton, l’entreprise utilise du vinaigre pour rejeter une eau dont le pH ne soit pas trop basique et ne nuise pas à l’environnement.
Et le bruit ?
Zoé Gaultier : L’atelier de production des palplanches pour les batardeaux employait des marteaux de battage qui atténuaient le bruit. Sur l’ensemble des phases du chantier, des groupes électrogènes capotés, plus silencieux, sont privilégiés. Par ailleurs, moins il y a de rotations d’engins, moins il y a de nuisances sonores. Les constructeurs ont ainsi plusieurs leviers à leur actif pour veiller à limiter la pollution sonore lorsqu’ils prennent en compte la performance environnementale globale.
La séquence « éviter, réduire et compenser » les impacts sur l’environnement dépasse la seule prise en compte de la biodiversité, pour englober l’ensemble des thématiques de l’environnement…
Zoé Gaultier : On essaie toujours d’éviter les risques. Si un risque est inévitable, alors on le réduit ou on compense ses impacts. Sur le viaduc de l’Indre, le groupement a été attentif dès l’installation des barrières de chantier. Nous avons également installé des filets de protection à mailles fines pour les amphibiens afin que ceux-ci ne pénètrent pas sur le chantier. Enfin, nous avons pris garde aux frayères à brochets de l’Indre.
Le groupe VINCI met en place des procédures pour respecter la loi voire être proactif, car en matière d’environnement, la réglementation évolue, se développe et se complexifie au fur et à mesure de sa mise en œuvre.